Arc I — La Genèse Celeste
Chapitre 3 – Les flammes de la mer
Arc I — La Genèse Celeste
Chapitre 3 – Les flammes de la mer
Scène 1 –L’Épave et la Tempête
La fissure se referma derrière elle, mais les cris du village viking continuaient de hurler dans sa tête.
Les flammes.
La neige tachée de sang.
L’enfant renversé.
La femme tirée par les cheveux.
Cette vision la suivait encore lorsqu’elle fut arrachée du monde.
Et la mer la frappa.
L’eau glacée referma son étau avant même qu’elle n’ait compris ce qui arrivait. Naya fut projetée sous la surface, roulée, cassée, secouée par la tempête comme une plume dans un ouragan. Le sel brûlait sa gorge. Son souffle se brisa en éclats. Elle remonta une seconde, aperçut un ciel noir strié d’éclairs, puis une vague la submergea de nouveau.
Le bracelet vibra faiblement—une lueur presque noyée.
Elle sombrait.
Un grondement monta autour d’elle. Quelque chose passait au-dessus, immense, vivant.
Une ombre de bois et de voiles.
Un navire.
Des voix crièrent dans le chaos :
– « Là ! Quelqu’un dans l’eau ! »
– « Attrapez-la ! »
Une corde fouetta la vague. Une main plongea, sûre, brûlante malgré la pluie glacée.
Naya la saisit.
On la hissa d’un coup brutal. Son corps heurta les planches trempées avant de s’effondrer sur le pont. Autour d’elle, des silhouettes couraient, tiraient des cordages, hurlaient contre le vent. La mer secouait le navire comme pour le renverser.
Une silhouette se pencha au-dessus d’elle.
Un jeune homme.
Visage ruisselant.
Cheveux sombres collés à la peau.
Yeux clairs, étonnamment doux au milieu de la tempête.
Il resta un instant immobile, reprenant son souffle, les mains encore crispées sur ses bras comme s’il craignait qu’elle lui échappe.
– « Ça va… je te tiens. »
Naya voulut parler. Aucun son ne franchit sa gorge, encore nouée par le sel et par l’horreur qu’elle venait de quitter. Ses membres tremblaient, secoués d’un froid qui n’avait rien à voir avec la mer.
Le jeune homme glissa un bras derrière ses épaules pour la relever. Son contact était chaud, vivant, presque choquant après la morsure des vagues.
– « Viens. Tu es en sécurité maintenant. »
Sécurité.
Un mot qui semblait irréel.
Pourtant, blottie contre son torse, Naya sentit le monde cesser de tourner. Le vent hurlait toujours, la pluie cinglait les voiles, mais quelque chose en elle se calma.
Il la porta vers la cabine, le regard ancré dans le sien comme une promesse silencieuse.
Elle ne connaissait pas son nom.
Elle ignorait où elle se trouvait.
Elle tremblait encore du massacre qu’elle venait de fuir.
Mais elle savait une seule chose :
La mer avait voulu la noyer.
Lui, il venait de la sauver.
La fissure se referma derrière elle, mais les cris du village viking continuaient de hurler dans sa tête.
Les flammes.
La neige tachée de sang.
L’enfant renversé.
La femme tirée par les cheveux.
Cette vision la suivait encore lorsqu’elle fut arrachée du monde.
Et la mer la frappa.
L’eau glacée referma son étau avant même qu’elle n’ait compris ce qui arrivait. Naya fut projetée sous la surface, roulée, cassée, secouée par la tempête comme une plume dans un ouragan. Le sel brûlait sa gorge. Son souffle se brisa en éclats. Elle remonta une seconde, aperçut un ciel noir strié d’éclairs, puis une vague la submergea de nouveau.
Le bracelet vibra faiblement—une lueur presque noyée.
Elle sombrait.
Un grondement monta autour d’elle. Quelque chose passait au-dessus, immense, vivant.
Une ombre de bois et de voiles.
Un navire.
Des voix crièrent dans le chaos :
– « Là ! Quelqu’un dans l’eau ! »
– « Attrapez-la ! »
Une corde fouetta la vague. Une main plongea, sûre, brûlante malgré la pluie glacée.
Naya la saisit.
On la hissa d’un coup brutal. Son corps heurta les planches trempées avant de s’effondrer sur le pont. Autour d’elle, des silhouettes couraient, tiraient des cordages, hurlaient contre le vent. La mer secouait le navire comme pour le renverser.
Une silhouette se pencha au-dessus d’elle.
Un jeune homme.
Visage ruisselant.
Cheveux sombres collés à la peau.
Yeux clairs, étonnamment doux au milieu de la tempête.
Il resta un instant immobile, reprenant son souffle, les mains encore crispées sur ses bras comme s’il craignait qu’elle lui échappe.
– « Ça va… je te tiens. »
Naya voulut parler. Aucun son ne franchit sa gorge, encore nouée par le sel et par l’horreur qu’elle venait de quitter. Ses membres tremblaient, secoués d’un froid qui n’avait rien à voir avec la mer.
Le jeune homme glissa un bras derrière ses épaules pour la relever. Son contact était chaud, vivant, presque choquant après la morsure des vagues.
– « Viens. Tu es en sécurité maintenant. »
Sécurité.
Un mot qui semblait irréel.
Pourtant, blottie contre son torse, Naya sentit le monde cesser de tourner. Le vent hurlait toujours, la pluie cinglait les voiles, mais quelque chose en elle se calma.
Il la porta vers la cabine, le regard ancré dans le sien comme une promesse silencieuse.
Elle ne connaissait pas son nom.
Elle ignorait où elle se trouvait.
Elle tremblait encore du massacre qu’elle venait de fuir.
Mais elle savait une seule chose :
La mer avait voulu la noyer.
Lui, il venait de la sauver.
Scène 2 – La Cabine du Capitaine
La chaleur de la lampe remplaçait le froid de la mer quand Naya ouvrit les yeux.
Le roulis du navire berçait la petite cabine, et pendant un instant, elle crut encore sentir la neige viking sous ses pieds, le sang, les flammes.
Elle inspira brusquement.
Une silhouette était assise près d’elle.
Un homme. Les bras croisés, la posture tendue, comme s’il veillait depuis longtemps.
Il releva la tête.
Ses cheveux sombres séchaient lentement, collés à sa peau hâlée. Ses yeux clairs la scrutèrent avec une inquiétude sincère.
– « Tu es réveillée », murmura-t-il, soulagé. « Je pensais t’avoir perdue. »
Naya tenta de se redresser.
Il tendit une main, puis suspendit son geste, comme s’il craignait de la brusquer.
Elle finit par accepter son aide : sa paume était chaude, solide.
– « Où suis-je ? » demanda-t-elle.
– « À bord du Mourning Star. Et en sécurité, pour l’instant. »
Il recula un peu, lui laissant de l’air.
La cabine sentait le bois mouillé et le sel.
Le bracelet à son poignet brillait faiblement ; il le remarqua du coin de l’œil, mais ne posa pas de question.
Il fouilla dans un coffre, sortit un tissu sec et le lui tendit.
– « Tu trembles. Prends ça. »
Elle hésita, puis leurs doigts se frôlèrent.
Une sensation brûlante remonta le long de son bras.
Lui aussi la ressentit : son regard se fixa une seconde de trop dans le sien.
Un silence dense s’installa.
Il finit par poser la question, doucement, presque avec précaution :
– « Comment t’appelles-tu ? »
Elle hésita une fraction de seconde — comme si répondre revenait à accepter qu’elle existait vraiment dans ce monde.
– « Naya. »
Le prénom sembla l’étonner, l’intriguer. Il le répéta à voix basse, comme pour en goûter la sonorité.
– « Naya… »
Un léger sourire effleura ses lèvres.
– « Ça te va bien. »
Elle baissa les yeux, troublée.
– « Et toi ? » demanda-t-elle.
Il marqua un court silence, puis répondit :
– « Elias. Capitaine – enfin… presque. »
Il haussa une épaule.
– « Le vrai capitaine est mort la semaine dernière. Alors pour l’instant, j’essaie d’éviter que tout coule. »
La mer craqua contre la coque.
Son ton se fit plus sérieux :
– « Je ne laisserai personne te faire du mal, Naya. »
Quelque chose se serra dans sa poitrine.
Elle détourna le regard.
– « Pourquoi m’avoir sauvée ? »
Il eut un bref sourire, sincère.
– « Parce que je ne pouvais pas te laisser disparaître sous les vagues. Et… parce que tes yeux ne ressemblent à rien de ce que j’ai vu. »
Il fit quelques pas vers la porte.
La tempête continuait de hurler dehors.
– « Repose-toi. Je te montrerai le pont quand le vent se calmera. »
Il marqua une hésitation sur le seuil.
– « Si quelqu’un t’importune… viens me chercher. Toujours. »
La porte se referma derrière lui.
Seule, Naya posa une main sur sa poitrine.
Son cœur battait trop vite, trop fort – une chaleur nouvelle, inconnue, dangereuse.
Pour la première fois depuis sa chute…
elle ne se sentait plus abandonnée.
Il finit par poser la question, doucement, presque avec précaution :
– « Comment t’appelles-tu ? »
Elle hésita une fraction de seconde – comme si répondre revenait à accepter qu’elle existait vraiment dans ce monde.
– « Naya. »
Le prénom sembla l’étonner, l’intriguer. Il le répéta à voix basse, comme pour en goûter la sonorité.
– « Naya… »
Un léger sourire effleura ses lèvres.
– « Ça te va bien. »
Elle baissa les yeux, troublée.
– « Et toi ? » demanda-t-elle.
Il marqua un court silence, puis répondit :
– « Elias. Capitaine – enfin… presque. »
Il haussa une épaule.
– « Le vrai capitaine est mort la semaine dernière. Alors pour l’instant, j’essaie d’éviter que tout coule. »
La mer craqua contre la coque.
Son ton se fit plus sérieux :
– « Je ne laisserai personne te faire du mal, Naya. »
Quelque chose se serra dans sa poitrine.
Elle détourna le regard.
– « Pourquoi m’avoir sauvée ? »
Il eut un bref sourire, sincère.
– « Parce que je ne pouvais pas te laisser disparaître sous les vagues. Et… parce que tes yeux ne ressemblent à rien de ce que j’ai vu. »
Il fit quelques pas vers la porte.
La tempête continuait de hurler dehors.
– « Repose-toi. Je te montrerai le pont quand le vent se calmera. »
Il marqua une hésitation sur le seuil.
– « Si quelqu’un t’importune… viens me chercher. Toujours. »
La porte se referma derrière lui.
Seule, Naya posa une main sur sa poitrine.
Son cœur battait trop vite, trop fort – une chaleur nouvelle, inconnue, dangereuse.
Pour la première fois depuis sa chute…
elle ne se sentait plus abandonnée.
Scène 3 – Le Feu, les Regards, et le Sang
La tempête s’était retirée, ne laissant derrière elle qu’un ciel rouge et une mer encore lourde.
Sur le pont, l’équipage du Mourning Star avait allumé un brasero. La chaleur du feu illuminait leurs visages burinés, leurs mains calleuses, leurs rires rauques mêlés aux craquements du bois.
Quand Naya apparut, vêtue de la veste qu’Elias lui avait laissée, un silence presque imperceptible parcourut le groupe.
Les regards se tournèrent vers elle.
Certains étonnés.
D’autres avides.
D’autres encore… lourds et sombres.
Elias s’approcha d’elle, posant une main légère dans son dos pour la guider près du feu.
– « Ne t’inquiète pas. Tu es en sécurité ici. »
Elle n’en était pas certaine.
La chaleur du brasero contrastait avec la froideur des regards.
Elias leva une timbale.
– « Elle est celle que j’ai tirée des vagues. Tant que je respire, elle est sous ma protection. »
Quelques hommes acquiescèrent.
Mais d’autres échangèrent un regard.
L’un d’eux s’avança : un pirate massif, les épaules larges, la barbe imbibée de rhum. Ses yeux ne quittèrent pas Naya une seule seconde.
– « Jolie trouvaille, capitaine. Une femme tombée de l’océan… ça se partage, non ? »
Un rire gras éclata derrière lui.
Naya sentit un frisson lui remonter la nuque.
Le bracelet à son poignet pulsa d’une lueur sourde, comme un avertissement, mais aucune magie ne vint.
Le pirate fit un pas de plus.
Il tendit la main, paume ouverte, pour effleurer son bras.
Elias bougea avant qu’elle ne comprenne.
Sa main saisit celle du pirate, ses doigts se refermant comme un étau.
– « Ne la touche pas. »
Sa voix était basse. Trop basse.
Le pirate eut un sourire narquois.
– « Allons, Elias. Tu vas pas nous priver d’un… »
Il ne finit jamais sa phrase.
Elias tira la dague à sa ceinture et la planta sous la gorge de l’homme d’un geste sec, précis, implacable.
Un seul coup.
Un souffle coupé.
Le sang jaillit en un arc sombre avant de goutter sur le pont.
Le pirate s’effondra à genoux, puis bascula lourdement sur le côté.
Plus personne ne riait.
Le feu crépita seul dans le silence soudain.
Elias resta immobile un instant, sa lame encore rouge entre ses doigts.
Son regard balaya l’équipage, dur, brûlant.
– « Celui qui touche à cette femme… meurt. »
Les hommes détournèrent les yeux, certains par peur, d’autres par respect.
Deux d’entre eux ramassèrent le corps sans un mot et le jetèrent par-dessus bord. L’impact fit un bruit sourd, avalé aussitôt par la mer.
Naya tremblait légèrement.
Elle ne savait pas si c’était la violence du geste, ou autre chose.
Elias essuya sa lame contre sa botte, puis s’approcha d’elle.
– « Je t’avais dit que tu ne risquais rien tant que je suis là », murmura-t-il.
Il ne souriait pas.
Il ne se vantait pas.
Il constatait simplement un fait.
Dans son regard, Naya vit une force farouche, une loyauté dangereuse… et quelque chose d’autre, plus profond, qu’elle n’arrivait pas à nommer.
La chaleur du brasero lui brûlait la peau.
Mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle ressentit au creux de sa poitrine,
là où quelque chose venait de se fissurer silencieusement.
Un mélange de peur, de reconnaissance…
et d’un début de désir qu’elle ne parvenait pas à nier.
Sa main saisit celle du pirate, ses doigts se refermant comme un étau.
– « Ne la touche pas. »
Sa voix était basse. Trop basse.
Le pirate eut un sourire narquois.
– « Allons, Elias. Tu vas pas nous priver d’un… »
Il ne finit jamais sa phrase.
Elias tira la dague à sa ceinture et la planta sous la gorge de l’homme d’un geste sec, précis, implacable.
Un seul coup.
Un souffle coupé.
Le sang jaillit en un arc sombre avant de goutter sur le pont.
Le pirate s’effondra à genoux, puis bascula lourdement sur le côté.
Plus personne ne riait.
Le feu crépita seul dans le silence soudain.
Elias resta immobile un instant, sa lame encore rouge entre ses doigts.
Son regard balaya l’équipage, dur, brûlant.
– « Celui qui touche à cette femme… meurt. »
Les hommes détournèrent les yeux, certains par peur, d’autres par respect.
Deux d’entre eux ramassèrent le corps sans un mot et le jetèrent par-dessus bord. L’impact fit un bruit sourd, avalé aussitôt par la mer.
Naya tremblait légèrement.
Elle ne savait pas si c’était la violence du geste, ou autre chose.
Elias essuya sa lame contre sa botte, puis s’approcha d’elle.
– « Je t’avais dit que tu ne risquais rien tant que je suis là », murmura-t-il.
Il ne souriait pas.
Il ne se vantait pas.
Il constatait simplement un fait.
Dans son regard, Naya vit une force farouche, une loyauté dangereuse… et quelque chose d’autre, plus profond, qu’elle n’arrivait pas à nommer.
La chaleur du brasero lui brûlait la peau.
Mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle ressentit au creux de sa poitrine,
là où quelque chose venait de se fissurer silencieusement.
Un mélange de peur, de reconnaissance…
et d’un début de désir qu’elle ne parvenait pas à nier.
Scène 4 – La Nuit et le Murmure des Vagues
La nuit tombait lourdement sur le Mourning Star.
Le pont, délaissé par l’équipage ivre de fatigue, ne résonnait plus que du craquement des cordages et du souffle mesuré des vagues.
Dans la cabine, Naya revoyait encore le geste d’Elias : la lame qui brillait, le sang qui jaillissait, et ce regard qu’il avait posé sur elle juste après.
Un regard sûr.
Terriblement sûr.
Elle ne pouvait pas dormir.
L’air était trop chaud, son esprit trop agité.
Alors elle sortit.
Le froid de la nuit la saisit doucement.
L’horizon était une ligne sombre, percée par des étoiles inconnues.
Le monde semblait suspendu entre deux respirations.
Naya avança jusqu’au bastingage et laissa ses doigts glisser sur le bois humide.
– « Je savais que tu serais dehors. »
La voix venait de l’ombre.
Elias s’approcha, la chemise ouverte, les cheveux encore humides. Sa silhouette se détacha derrière la voile, calme, presque silencieuse.
– « Je t’ai vue partir. Je voulais m’assurer que tu allais bien. »
Il s’arrêta près d’elle, à une distance prudente.
Naya baissa les yeux.
– « Tu as tué un homme aujourd’hui… à cause de moi. »
Elias haussa légèrement les épaules, sans arrogance.
– « Il allait te toucher. Je ne pouvais pas laisser ça arriver. »
Il n’y avait ni violence ni fierté dans sa voix.
Juste une évidence.
Il s’accouda au bastingage à côté d’elle. Leurs épaules ne se touchaient pas, mais la chaleur de son corps semblait franchir cet espace minuscule.
– « Tu n’as pas eu peur ? » demanda-t-elle.
– « Non. »
Un silence.
– « Mais j’ai vu que toi, tu avais peur. C’était suffisant. »
La confession la frappa plus fort qu’elle ne l’aurait cru.
Personne ne lui avait jamais parlé ainsi.
Pas comme une étrangère.
Pas comme un signe.
Juste comme… quelqu’un qui compte.
– « Avant toi… personne n’a fait ça pour moi », murmura-t-elle.
Elias tourna légèrement la tête vers elle.
Ses yeux avaient cette douceur rare qu’il dissimulait devant les autres.
– « Je ne sais pas d’où tu viens, Naya. Mais tu n’es pas obligée de me le dire. »
Il inspira profondément.
– « Je veux seulement que tu saches quelque chose : tant que tu es sur ce navire, tu n’es pas seule. »
Il tendit une main.
Pas pour la saisir : pour lui laisser le choix.
Naya sentit son cœur se serrer.
Elle hésita, puis posa ses doigts dans sa paume.
Le contact fut bref.
Mais brûlant.
Ils restèrent dans ce geste fragile, suspendu, leurs silhouettes éclairées par le clair de lune, leurs respirations portées par le même vent salé.
Puis elle retira sa main, doucement, avant que l’émotion ne devienne trop forte.
Elias ne protesta pas ; il la regarda simplement, avec une intensité silencieuse qui lui noua le ventre.
– « Bonne nuit, Naya », murmura-t-il.
Elle hocha la tête et s’éloigna lentement vers la cabine.
Son cœur battait trop vite.
Sa peau brûlait encore là où ses doigts avaient touché les siens.
Ce n’était plus seulement de la reconnaissance.
Ni la chaleur d’un geste protecteur.
C’était autre chose.
Quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti.
Le désir venait de naître.
– « Tu n’as pas eu peur ? » demanda-t-elle.
– « Non. »
Un silence.
– « Mais j’ai vu que toi, tu avais peur. C’était suffisant. »
La confession la frappa plus fort qu’elle ne l’aurait cru.
Personne ne lui avait jamais parlé ainsi.
Pas comme une étrangère.
Pas comme un signe.
Juste comme… quelqu’un qui compte.
– « Avant toi… personne n’a fait ça pour moi », murmura-t-elle.
Elias tourna légèrement la tête vers elle.
Ses yeux avaient cette douceur rare qu’il dissimulait devant les autres.
– « Je ne sais pas d’où tu viens, Naya. Mais tu n’es pas obligée de me le dire. »
Il inspira profondément.
– « Je veux seulement que tu saches quelque chose : tant que tu es sur ce navire, tu n’es pas seule. »
Il tendit une main.
Pas pour la saisir : pour lui laisser le choix.
Naya sentit son cœur se serrer.
Elle hésita, puis posa ses doigts dans sa paume.
Le contact fut bref.
Mais brûlant.
Ils restèrent dans ce geste fragile, suspendu, leurs silhouettes éclairées par le clair de lune, leurs respirations portées par le même vent salé.
Puis elle retira sa main, doucement, avant que l’émotion ne devienne trop forte.
Elias ne protesta pas ; il la regarda simplement, avec une intensité silencieuse qui lui noua le ventre.
– « Bonne nuit, Naya », murmura-t-il.
Elle hocha la tête et s’éloigna lentement vers la cabine.
Son cœur battait trop vite.
Sa peau brûlait encore là où ses doigts avaient touché les siens.
Ce n’était plus seulement de la reconnaissance.
Ni la chaleur d’un geste protecteur.
C’était autre chose.
Quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti.
Le désir venait de naître.
Scène 5 – L’Île Interdite
Au petit matin, un cri perça l’air depuis la vigie.
– « Terre en vue ! »
Naya monta sur le pont.
Une île sombre se détachait dans la brume : falaises abruptes, forêt compacte, silence pesant.
Même les pirates, pourtant habitués au danger, semblaient hésiter.
Le Mourning Star mouilla à distance, les vagues trop traîtresses pour approcher davantage.
Une chaloupe fut descendue.
Elias y grimpa le premier, puis tendit la main vers Naya.
Elle la prit – un geste simple, mais son cœur bondit malgré elle.
La petite barque fendit les eaux grisâtres.
Le bruit des rames résonnait entre les falaises comme un écho inquiet.
Lorsqu’ils touchèrent enfin la plage de galets, Elias l’aida à descendre, son bras soutenant le sien plus longtemps que nécessaire.
La forêt s’élevait devant eux, dense et silencieuse.
Ils avancèrent prudemment.
Le sol était irrégulier, glissant, couvert de racines énormes.
L’air immobile donnait l’impression que la forêt retenait sa respiration.
Un craquement soudain.
Un tronc pourri céda, basculant dangereusement vers Elias.
Naya réagit sans réfléchir : elle le tira brusquement en arrière.
Ils s’effleurèrent, leurs corps se heurtant.
Elias resta contre elle une seconde, surpris.
– « À ton tour de me sauver », souffla-t-il avec un sourire bref.
Ce sourire la troubla plus que le danger.
Ils reprirent la marche, mais Elias resta tout près d’elle.
Ils arrivèrent devant une paroi envahie de lianes.
Elias écarta les plantes, révélant l’entrée d’une grotte sombre.
– « On récupère souvent des ressources ici. Mais on reste vigilants », dit-il.
À l’intérieur, la lumière des torches dansait sur des cristaux incrustés dans la roche.
Le sol, instable, comprimait l’air d’un grondement constant.
– « Fais attention », murmura Elias.
Il posa brièvement sa main sur son bras pour la guider.
Elle frissonna, incapable de cacher la réaction.
Un tremblement.
Le plafond gronda.
– « Naya ! »
Elias la saisit et la plaqua contre la paroi alors qu’une pluie de pierres s’abattait là où elle se tenait un instant plus tôt.
Sa main soutenait sa nuque, son corps couvrait le sien.
Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres.
Le silence retomba.
– « Tu n’as rien ? »
– « Non… grâce à toi. »
Il resta ainsi une seconde… une seconde trop longue.
Puis il relâcha lentement sa prise, le regard brûlant de quelque chose qu’il ne disait pas.
– « Ne t’éloigne pas de moi. Ici… tout peut s’écrouler. »
Elle hocha la tête.
Mais ce n’était pas seulement la grotte qui menaçait de se fissurer.
Quelque chose s’ouvrait en elle aussi.
Et chaque fois qu’Elias se rapprochait ainsi,
la fissure s’élargissait.
Ils reprirent la marche, mais Elias resta tout près d’elle.
Ils arrivèrent devant une paroi envahie de lianes.
Elias écarta les plantes, révélant l’entrée d’une grotte sombre.
– « On récupère souvent des ressources ici. Mais on reste vigilants », dit-il.
À l’intérieur, la lumière des torches dansait sur des cristaux incrustés dans la roche.
Le sol, instable, comprimait l’air d’un grondement constant.
– « Fais attention », murmura Elias.
Il posa brièvement sa main sur son bras pour la guider.
Elle frissonna, incapable de cacher la réaction.
Un tremblement.
Le plafond gronda.
– « Naya ! »
Elias la saisit et la plaqua contre la paroi alors qu’une pluie de pierres s’abattait là où elle se tenait un instant plus tôt.
Sa main soutenait sa nuque, son corps couvrait le sien.
Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres.
Le silence retomba.
– « Tu n’as rien ? »
– « Non… grâce à toi. »
Il resta ainsi une seconde… une seconde trop longue.
Puis il relâcha lentement sa prise, le regard brûlant de quelque chose qu’il ne disait pas.
– « Ne t’éloigne pas de moi. Ici… tout peut s’écrouler. »
Elle hocha la tête.
Mais ce n’était pas seulement la grotte qui menaçait de se fissurer.
Quelque chose s’ouvrait en elle aussi.
Et chaque fois qu’Elias se rapprochait ainsi,
la fissure s’élargissait.
Scène 6 – Les Murmures et la Jalousie
Le retour jusqu’à la plage se fit en silence.
L’île semblait encore plus lourde qu’à l’arrivée, comme si la forêt elle-même observait chacun de leurs pas. Naya, encore troublée par la proximité d’Elias dans la grotte, sentait son cœur battre trop vite sous sa tunique.
Quand ils rejoignirent la chaloupe, l’équipage les attendait déjà.
Certains murmuraient entre eux ; d’autres fixaient Elias avec un mélange d’incompréhension et de méfiance.
Et surtout… ils regardaient Naya différemment.
Pas comme une étrangère.
Pas comme une rescapée.
Mais comme la cause de quelque chose qu’ils n’arrivaient pas à nommer : un changement dans leur capitaine.
Ils ramèrent en silence jusqu’au Mourning Star.
Le ciel s’était assombri ; la mer levant des vagues épaisses qui giflaient les bords de la chaloupe.
Une fois à bord, Naya sentit immédiatement la tension.
Les regards étaient plus froids.
Plus insistants.
Comme si la mort du pirate, la veille, avait laissé une ombre sur chacun d’eux.
Un homme s’approcha d’Elias, une cicatrice profonde traversant sa joue.
– « On doit parler, capitaine. »
Son ton était sec.
Elias s’immobilisa, mais son expression resta calme.
– « Parle. »
L’homme jeta un bref regard vers Naya.
– « Depuis qu’elle est là, tout va de travers. On perd un homme. On s’aventure sur une île qu’on évite d’habitude. Et maintenant, tu risques ta vie pour elle. »
Un murmure d’approbation parcourut le pont.
– « Elle n’est pas des nôtres », ajouta un autre. « Et toi… tu ne penses plus clair. »
Naya sentit son ventre se nouer.
Ce n’était pas de la peur.
C’était de la culpabilité… ou quelque chose qui y ressemblait.
Elias avança d’un pas, son regard se durcissant.
– « Je prends soin de mon équipage. Mais je prends aussi soin de ce qui est sous ma protection. »
– « Un équipage se protège entre hommes, pas pour une inconnue tombée de nulle part ! » cracha le premier.
Un silence tendu s’installa.
Le vent claquait dans les voiles, faisant trembler les cordages.
Elias ne cria pas.
Il parlait bas, mais chaque mot tombait comme une lame.
– « Si vous remettez ma loyauté en question, dites-le clairement. »
Aucun ne répondit.
Mais leurs regards disaient assez : un doute s’était installé. Un doute qui pourrait coûter cher.
Elias se tourna vers Naya.
– « Viens. »
Elle le suivit sans discuter, sentant les yeux de l’équipage peser dans son dos comme des pierres.
Elias l’emmena à l’écart, près du mât principal.
– « Ne reste jamais seule sur le pont », dit-il, la voix basse.
– « À cause d’eux ? »
– « Parce qu’ils ont peur. Et un homme qui a peur… fait n’importe quoi. »
Elle déglutit.
– « Je t’apporte des ennuis. »
Elias approcha d’un pas, suffisamment près pour qu’elle sente la chaleur de son torse.
– « Ce n’est pas toi le problème. C’est ce que je suis prêt à faire pour toi. »
Son regard plongea dans le sien.
Il y avait là une intensité brûlante, nouvelle, dangereuse.
Naya sentit quelque chose basculer en elle.
Une sensation douce-amère.
Une certitude naissante : le lien entre eux dépassait la logique, dépassait la prudence.
Et tous les hommes autour d’eux l’avaient vu.
Lorsque Elias s’éloigna, elle resta seule quelques secondes, les doigts crispés contre la rambarde.
Le ciel s’assombrissait, et la mer devenait plus agitée.
Quelque chose approchait.
Elle le sentait.
Une rupture.
Un basculement.
Et la luxure… ce désir qui avait commencé à naître, n’était plus une chaleur douce.
C’était une braise qui menaçait d’enflammer tout ce qui l’entourait.
Elias avança d’un pas, son regard se durcissant.
– « Je prends soin de mon équipage. Mais je prends aussi soin de ce qui est sous ma protection. »
– « Un équipage se protège entre hommes, pas pour une inconnue tombée de nulle part ! » cracha le premier.
Un silence tendu s’installa.
Le vent claquait dans les voiles, faisant trembler les cordages.
Elias ne cria pas.
Il parlait bas, mais chaque mot tombait comme une lame.
– « Si vous remettez ma loyauté en question, dites-le clairement. »
Aucun ne répondit.
Mais leurs regards disaient assez : un doute s’était installé. Un doute qui pourrait coûter cher.
Elias se tourna vers Naya.
– « Viens. »
Elle le suivit sans discuter, sentant les yeux de l’équipage peser dans son dos comme des pierres.
Elias l’emmena à l’écart, près du mât principal.
– « Ne reste jamais seule sur le pont », dit-il, la voix basse.
– « À cause d’eux ? »
– « Parce qu’ils ont peur. Et un homme qui a peur… fait n’importe quoi. »
Elle déglutit.
– « Je t’apporte des ennuis. »
Elias approcha d’un pas, suffisamment près pour qu’elle sente la chaleur de son torse.
– « Ce n’est pas toi le problème. C’est ce que je suis prêt à faire pour toi. »
Son regard plongea dans le sien.
Il y avait là une intensité brûlante, nouvelle, dangereuse.
Naya sentit quelque chose basculer en elle.
Une sensation douce-amère.
Une certitude naissante : le lien entre eux dépassait la logique, dépassait la prudence.
Et tous les hommes autour d’eux l’avaient vu.
Lorsque Elias s’éloigna, elle resta seule quelques secondes, les doigts crispés contre la rambarde.
Le ciel s’assombrissait, et la mer devenait plus agitée.
Quelque chose approchait.
Elle le sentait.
Une rupture.
Un basculement.
Et la luxure… ce désir qui avait commencé à naître… n’était plus une chaleur douce.
C’était une braise qui menaçait d’enflammer tout ce qui l’entourait.
Scène 7 – La Nuit Égare les Cœurs
Le navire avait retrouvé un calme trompeur.
Après les murmures et la tension du jour, l’équipage s’était dispersé. Le vent était tombé, et seule la mer murmurait contre la coque, lente, hypnotique.
Naya se tenait près du bastingage, observant la ligne sombre de l’horizon.
Son cœur n’était plus le même.
Quelque chose avait changé en elle… une chaleur douce, trop forte pour être ignorée, née dans la grotte, nourrie dans chaque regard d’Elias.
Elle l’entendit avant de le voir.
Ses pas mesurés.
Cette présence calme, sûre, qui la traversait comme une vague chaude.
Il s’arrêta à quelques pas d’elle.
– « Tu n’arrives pas à dormir ? » demanda-t-il, sa voix basse effleurant l’air comme une caresse.
Elle secoua doucement la tête.
– « Non. »
Elias s’approcha et se plaça à côté d’elle.
Leur silence n’avait rien de lourd.
Il vibrait.
La lune baignait ses traits d’une lumière douce.
Il avait les yeux plus sombres qu’à l’habitude, comme si la journée avait laissé une marque invisible.
Il la regarda.
Longtemps.
Avec une intensité qui fit battre son cœur trop fort.
– « Je pense à toi bien plus que je ne devrais », avoua-t-il.
Naya détourna légèrement le regard, mais il effleura sa joue du bout des doigts, guidant son visage vers lui.
– « Tu n’as pas à avoir peur », murmura-t-il.
– « Je n’ai pas peur de toi », répondit-elle dans un souffle.
Ses doigts glissèrent dans les mèches de ses cheveux encore humides.
Elle sentit son ventre se serrer d’une chaleur nouvelle, douce et brûlante à la fois.
Elias s’approcha davantage.
Leur respiration se mêla.
Leurs mains se cherchèrent, se trouvèrent.
Elle posa sa paume sur son torse… chaud, vibrant, vivant.
Il laissa l’air lui échapper, comme si ce simple contact avait brisé quelque chose en lui.
– « Naya… »
Son nom n’était plus une parole.
C’était une prière.
Elle sentit ses propres défenses s’effondrer.
Ce n’était pas une chute, mais une libération.
Le vent souleva les mèches de ses cheveux alors qu’Elias glissait doucement une main derrière sa taille, l’attirant contre lui.
Leur corps se frôlèrent, à peine, mais assez pour que tout en elle s’embrase.
Ils restèrent un moment ainsi, suspendus.
Puis il l’embrassa.
Un baiser lent, profond, trop chargé d’émotion pour être retenu plus longtemps.
Il n’y avait ni précipitation ni violence.
Seulement une intensité qui brûlait doucement, comme un feu entretenu avec soin.
Naya répondit à ce baiser.
Sans hésitation.
Sans crainte.
La chaleur de sa bouche, le frôlement de ses doigts, la douceur de son souffle…
rien n’était brutal.
Tout était tendre, passionné, presque sacré.
Quand leurs fronts se touchèrent, Elias murmura :
– « Je ne sais pas ce que tu es… ni d’où tu viens… mais je te veux près de moi. »
Elle posa sa main contre sa joue, la caressa doucement.
– « Je suis ici, Elias. Je suis avec toi. »
Il sourit.
Un sourire rare, fragile, né d’une émotion trop grande pour être contenue.
Ils restèrent enlacés, bercés par la mer qui chantait doucement sous leurs pieds.
La nuit semblait retenir son souffle autour d’eux.
Ce n’était pas un acte charnel.
C’était une union.
Un abandon mutuel.
Une luxure qui n’avait rien de sale… une luxure née du manque, de la gratitude, de l’amour naissant.
Le Mourning Star continuait de dériver, ignorant encore que cette nuit serait leur dernière paix.
Elias s’approcha davantage.
Leur respiration se mêla.
Leurs mains se cherchèrent, se trouvèrent.
Elle posa sa paume sur son torse… chaud, vibrant, vivant.
Il laissa l’air lui échapper, comme si ce simple contact avait brisé quelque chose en lui.
– « Naya… »
Son nom n’était plus une parole.
C’était une prière.
Elle sentit ses propres défenses s’effondrer.
Ce n’était pas une chute, mais une libération.
Le vent souleva les mèches de ses cheveux alors qu’Elias glissait doucement une main derrière sa taille, l’attirant contre lui.
Leur corps se frôlèrent… à peine, mais assez pour que tout en elle s’embrase.
Ils restèrent un moment ainsi, suspendus.
Puis il l’embrassa.
Un baiser lent, profond, trop chargé d’émotion pour être retenu plus longtemps.
Il n’y avait ni précipitation ni violence.
Seulement une intensité qui brûlait doucement, comme un feu entretenu avec soin.
Naya répondit à ce baiser.
Sans hésitation.
Sans crainte.
La chaleur de sa bouche, le frôlement de ses doigts, la douceur de son souffle…
rien n’était brutal.
Tout était tendre, passionné, presque sacré.
Quand leurs fronts se touchèrent, Elias murmura :
– « Je ne sais pas ce que tu es… ni d’où tu viens… mais je te veux près de moi. »
Elle posa sa main contre sa joue, la caressa doucement.
– « Je suis ici, Elias. Je suis avec toi. »
Il sourit.
Un sourire rare, fragile, né d’une émotion trop grande pour être contenue.
Ils restèrent enlacés, bercés par la mer qui chantait doucement sous leurs pieds.
La nuit semblait retenir son souffle autour d’eux.
Ce n’était pas un acte charnel.
C’était une union.
Un abandon mutuel.
Une luxure qui n’avait rien de sale… une luxure née du manque, de la gratitude, de l’amour naissant.
Le Mourning Star continuait de dériver, ignorant encore que cette nuit serait leur dernière paix.
Scène 8 – La Troisième Fissure
Le Mourning Star dérivait dans une obscurité que même la lune n’osait plus toucher.
Le vent était tombé.
Le silence, lui, pesait comme une menace.
Naya marcha vers le bastingage pour respirer.
La mer semblait retenir son souffle… et elle comprit trop tard pourquoi.
Des pas lourds.
Des silhouettes qui se regroupent.
Trois hommes, les mêmes regards brûlants que la veille.
Elle recula.
– « Vous ne devriez pas… »
– « Lui non plus ne devrait plus choisir une étrangère plutôt que son équipage », gronda le premier.
Une lame brilla.
Les autres firent un pas en avant.
– « Ce soir, tout redevient comme avant. Sans toi. »
Naya inspira pour appeler Elias…
– « Laissez-la. »
Il surgit de l’ombre.
Essoufflé.
Déterminé.
Son regard était si froid que même les pirates hésitèrent.
– « Je vous ai déjà avertis », dit-il.
– « Tu n’es plus notre capitaine », répondit le balafré. « Tu n’es plus des nôtres. »
Ils attaquèrent.
Le choc fut brutal.
Lames contre lames.
Le bois du pont vibrait sous les coups.
Naya se plaqua contre la rambarde, le cœur battant trop vite.
Elias se battait avec une précision presque irréelle.
Il blessa l’un d’eux, repoussa un second.
Mais ils étaient trois.
– « Elias ! »
Il tourna la tête vers sa voix… une fraction de seconde.
Une lame le frappa dans le dos.
Son souffle se coupa.
Ses genoux touchèrent le sol.
Le pirate leva son arme une seconde fois, cette fois vers Naya.
Elias, dans un ultime élan, se jeta entre eux.
La deuxième lame l’atteignit en plein torse.
Naya hurla.
Elle se précipita, l’attrapa avant qu’il ne s’effondre complètement.
– « Elias… non, non… reste avec moi… »
Il leva une main tremblante, caressa sa joue.
– « Je ne regrette rien… Naya… »
Son regard se vida.
Ses doigts glissèrent.
Son corps devint lourd dans ses bras.
Une douleur déchirante traversa Naya, comme si quelque chose se brisait dans sa poitrine.
Le bracelet s’illumina aussitôt, brûlant contre sa peau.
La lumière monta.
Puissante.
Trop puissante.
Les pirates reculèrent, terrifiés.
Un souffle doré enroula Naya, tourbillonnant autour d’elle comme un vent sacré.
Le pont vibra.
La mer hurla.
Et une fissure se déchira derrière elle…
une fracture lumineuse dans l’air, immense, irréelle.
Dans cet éclat, des formes apparurent :
un royaume de pierre blanche,
des bannières pourpres,
un trône vide éclairé par une lumière sacrée,
et des silhouettes à genoux…
des foules qui attendaient quelqu’un.
Qui l’attendaient, elle.
Un mot flotta dans la lumière :
« Élue. »
Naya tendit la main vers Elias, mais la lumière l’arracha à lui.
La mer, le navire, le corps qu’elle tenait…
tout disparut dans une lueur aveuglante.
Elle tomba.
Encore.
Vers un autre monde.
Vers un royaume qui la réclamait.
La troisième fissure venait de s’ouvrir